Internement imminent

Messages : 241 Date d'inscription : 22/06/2010

*Premier post*

Swann avait pris sa décision depuis un petit moment déjà mais il lui avait fallu le temps, non pas de s'y résoudre, mais de s'y préparer. Se faire interner pour un problème qu'elle avait inventé dans le but de pouvoir « agir » de l'intérieur et découvrir ce qui se tramait dans l'enceinte des murs de l'Asylum n'était pas des plus simple. Surtout si elle voulait être crédible. D'un côté, elle était plus que jamais certaine de son choix, sa motivation principale : revoir sa jumelle qui était soit disant en isolement. Au passage elle tenterait d'aider l'inspecteur Montgomery ainsi que toutes les familles qui étaient dans son cas. Elle était donc allée voir son médecin de famille quelques jours auparavant, elle lui avait confié avec réticence qu'elle avait quelques problèmes avec l'alcool. L'homme l'avait longuement regardé avant de poser quelques questions complémentaires afin de juger de l'état de sa patiente. Elle lui avait parlé de la difficulté morale de son travail, mais aussi de la densité des heures qu'elle avait à faire, de l'absence de relation amoureuse dans sa vie qui l'avait doucement conduite à trouver du réconfort dans la bouteille. Il l'avait écouté dans un silence des plus religieux, l'air attentif mais fermé. Incapable de lire à travers les pensées du praticien, c'est une boule nouée au creux de l'estomac que Swann avait attendu avec appréhension le diagnostique, mais surtout les conclusions de son docteur. Et puis la réponse était tombée, il lui conseillait de se rendre à l'Asylum, là-bas, lui avait-il dit, elle pourrait consulter un médecin davantage spécialisé qui saurait comment l'aider au mieux pour se sortir de cette passe difficile. Il lui avait rédigé une lettre qu'elle devrait remettre au médecin qui la recevrait où il expliquait rapidement à son confrère pourquoi il envoyait sa patiente le consulter. Après cela, il la raccompagna à la porte de son cabinet avant de lui souhaiter très sombrement une bonne journée. Swann avait répondu de même avant de rentrer chez elle, lettre en main.

Elle avait encore attendu quelques jours avant de se rendre à l'hôpital psychiatrique. Elle avait d'ailleurs bu plus que d'habitude pendant ces quelques dernières soirées chez elle. Du moins c'est ce qu'elle espérait. Certes, c'était une pensée des plus étrange que de désirer se faire interner, mais elle n'avait pas vraiment le choix si elle voulait faire avancer les choses. Quoi qu'il en soit, elle partit de chez elle en milieu de matinée, elle ferma sa maison à double tour et prit la voiture pour se rendre à l'Asylum. Alors qu'elle traversait les bois qui séparaient la ville de l'institution, Swann ne cessait de se répéter son « plan », le rôle qu'elle s'était inventé et qu'elle s'était répété de très nombreuses fois. Et si ça ne marchait pas ? Si elle n'était pas suffisamment convaincante, pire si le médecin se rendait compte qu'elle bluffait ? Elle se répétait qu'elle ne devait pas y penser, pas maintenant. Elle monta encore un peu plus le son de la radio et essaya de chanter sur les paroles, sans grand succès. Elle était tendue. Elle pensa soudainement à Joane. Sa sœur. Sa jumelle. Qu'allait-elle découvrir ? Elle n'en savait strictement rien et la peur la rongeait définitivement. S'il était arrivé quelque chose de grave, ou s'ils avaient osé lui faire du mal ! Elle se jura qu'elle vengerait au centuple tout le mal qui aurait été fait à Joane. Depuis le début, depuis le premier jour de son internement, le moment où leurs parents, leurs monstres de parents, l'avait emmené dans cet endroit lugubre elle avait su que c'était la pire des idées et que ça ne l'aiderait pas ! Et elle savait qu'elle avait raison pour avoir vu de trop nombreuses fois sa sœur dans un état lamentable, alors que des traitements lourds ne lui faisaient pas plus d'effet qu'un cachet d'aspirine !

Elle finit par arriver à destination. Elle eut soudainement l'impression que l'endroit était encore plus sinistre que jamais. Après quelques secondes d'hésitation, pour la première fois, elle se décida à descendre de son véhicule et marcha jusqu'au bâtiment administratif faisant crisser les gravillons sous ses pieds. Elle se sentait mal à l'aise et la pression commençait sérieusement à monter. Lorsqu'elle poussa la porte de l'entrée elle se retrouva immédiatement dans le climat de l'hôpital, qui donnait la chaire de poule. L'air blanc et aseptisé lui donnait la nausée et elle se dirigea d'un pas mal assuré vers la borne d'accueil où se trouvait une secrétaire en civil qui releva la tête lorsque Swann entra. Elle lui sourit immédiatement et la salua poliment. Elle avait l'air avenante ce qui rassura un peu la nouvelle venue. Swann entreprit donc de lui expliquer sa venue. Elle prit instinctivement un air peu sûr d'elle et sa voix tremblait légèrement alors qu'elle parlait. Elle n'avait presque pas besoin de jouer tellement elle avait peur.

Messages : 224 Date d'inscription : 22/06/2010

**** Premier Post ****

Derek s'était levé ce matin-là d'un bon pied, prêt à affronter une nouvelle journée à l'Apathéïa Asylum, institut qui était devenu depuis toutes ses années sa deuxième maison. Cela faisait deux semaines qu'il était revenu au Green Block, ou plutôt à la case départ comme il le disait, après une violente crise de démence. Dans son délire fait de voix et d'hallucinations, il avait réussi à détruire l'intérieur de sa chambre sans pour autant blesser qui que ce soit. Il ne levait pas souvent la main sur les autres, heureusement pour tout le monde d'ailleurs, mais il lui arrivait de sortir de son apathie et de se montrer extrêmement violent. Il était alors envoyé en isolement durant quelques jours, dans une chambre vide et molletonnée où on le gavait de calmants en tout genre. Il ne se souvenait jamais très bien de ces périodes-là, trop abruti par les drogues pour en garder des images claires. Ce qui lui restait tenait plus du domaine des sensations. A chaque passage dans la pièce blanche et immaculée, des bouffées de chaleur le prenaient, alternant avec des frissons qui le faisaient grelotter de la tête aux pieds. Certes la voix dans sa tête se taisait sous l'emprise des médicaments, mais elle était remplacée par des migraines qui semblaient à tout prix vouloir lui fendre le crâne en deux. Une odeur douce et sucrée, mélange selon lui de bonbons et de fleurs, lui prenait les narines et ne le lâchait que lorsqu'il reprenait totalement connaissance, dans sa chambre. Ce qui se passait réellement entre-deux, il n'aurait su le dire.

Depuis qu'il avait réintégré le Green Block, l'état du jeune homme semblait s'être amélioré, comme à chaque fois après une crise aigüe. Il était ne restait plus cloîtré dans sa chambre des journées entières, prostré, à l'affut du moindre bruit ou mouvement suspect, mais sortait au contraire de plus en plus dans le parc pour se promener. La compagnie des autres étaient toujours un sujet sensible, mais il faisait des efforts pour surmonter sa paranoïa et discuter avec les autres résidents afin de se sociabiliser un peu plus. Il ne pouvait pas dire qu'il avait réellement des amis au sein de l'asile, cependant il avait réussi à nouer des liens cordiaux avec certains patients. Il jouait aux cartes avec l'un ou déjeunait à la table d'autres. De temps en temps, il avait des discussions plus ou moins profondes sur leurs troubles ou sur la situation politique actuelle, parfois sur des sujets plus légers comme la vie au sein de l'Asylum. Mise à part ces petits moments, l'homme aimait toutefois rester seul, même si c'était au grand air. Le psychiatre qui le suivait, le Docteur Andrews, voyait d'un bon œil cette socialisation lente et progressive. Il avait laissé le temps à son patient de récupérer de sa crise de délire avant de lui parler d'un nouveau traitement qui pourrait lui convenir. Derek était resté méfiant et n'avait pas fait preuve d'un enthousiasme débordant à cette annonce. Il avait entendu ça si souvent qu'il n'arrivait même pas à se réjouir complètement. Cependant, malgré ses désillusions, il voulait y croire, s'accrocher à ce petit espoir, si infime soit-il. Il lui semblait que s'il ne le faisait pas, il sombrerait pour de bon. Mais plus les échecs se succédaient, plus les coups qu'ils apportaient diminuaient sa force à se batte contre lui-même...

Après avoir pris son petit-déjeuner, le jeune homme sorti dans le parc d'un pas lent et mesuré, se dirigeant vers le bâtiment administratif pour son rendez-vous quotidien avec son médecin. Il entra dans la fraîcheur du hall et salua la secrétaire qu'il connaissait bien, avant de prendre un escalier situé sur sa droite et de se rendre au 3ème étage. Sa séance dura une heure et demi, comme d'habitude, et Andrews avait une nouvelle fois tenté de convaincre son patient de la nécessité d'essayer ce nouveau traitement. L'ancien déménageur en était ressorti quelque peu perturbé et c'est la tête dans les nuages, réfléchissant à tous ce qui avait pu se dire, qu'il rejoignit le rez-de-chaussée. Son regard était dur et ses épais sourcils froncés ajoutaient un air tendu à l'expression de son visage. Il se réveilla cependant lorsqu'il arriva à la hauteur du comptoir derrière lequel la jeune employée de l'administration pianotait sur son clavier d'ordinateur.

- Au revoir Emilie.

Il l'avait saluée d'une voix grave et profonde, levant la main pour lui faire un petit geste d'adieu. Ses lèvres avaient tenté, tant bien que mal, de prendre le pli d'un sourire et il fut satisfait de voir son reflet dans un grand miroir réussir cet exploit. En revanche, ce à quoi il ne fit absolument pas attention fut la jeune femme qui se trouvait derrière lui, accompagnée d'une infirmière. Il se tourna d'un pas vif, baissant la tête pour reprendre ses réflexions et heurta de plein fouet la jolie blonde. Il releva son regard avec empressement afin de s'excuser auprès d'elle mais ne réussit qu'à la fixer, bouche-bée. Ses yeux faisaient des allers-retours entre le visage de la patiente et celui de la personne qui l'accompagnait, avant qu'il ne se reprenne et que des mots réussissent enfin à traverser ses lèvres.

- Joane? Mais............ on te croyait......... partie...... Depuis le temps.........

En effet, il connaissait Blake pour avoir discuté avec elle à de nombreuses reprises. Lorsqu'un beau jour elle n'était plus revenue, tout le monde avait supposé qu'ils avaient préféré la mettre en isolement pour une période indéterminée. Après tout, il y avait eu des rumeurs comme quoi elle avait agressé un membre du personnel avec une certaine violence. Pour qu'ils décident de l'éloigner aussi longtemps, elle avait vraiment dû y aller fort! Même Derek, qui n'était pas un freluquet et qui pouvait faire très mal lorsqu'il s'énervait, n'avait jamais subi ce sort. Il trouvait étrange de la revoir ici, au bâtiment administratif, l'air si.......... changée.

Messages : 241 Date d'inscription : 22/06/2010

Swann fut immédiatement rassurée par la secrétaire qui, dans un petite sourire apaisant, lui expliqua gentiment comment aller se dérouler la suite en lui assurant qu'elle n'avait absolument pas à s'inquiéter, que c'était très simple et que ça allait bien ce passer. Elle commença par lui dire qu'elle allait devoir remplir quelques fiches administratives qui permettrons de lui créer un dossier médical et qu'elle devait y répondre le plus consciencieusement possible. Aussitôt dit aussitôt fait, la charmante femme sortie d'un tiroir quelques feuillets qu'elle posa sur la banque d'accueil face à Swann en lui désignant en stylo dans un petit « s'il vous plait » aimable. Blake s'exécuta alors, prit le bic et commença à lire les feuilles pour les remplir. Pendant ce temps, la secrétaire continua de donner ses informations. Elle apprit à Swann que lorsqu'elle aurait fini ce qu'elle était en train de faire, elle aurait une consultation avec un médecin, le plus rapidement possible. Elle précisa que sans rendez-vous prévu il y aurait un peu d'attente car tous les praticiens avait généralement un agenda bien chargé. Swann hocha la tête en signe de compréhension, son interlocutrice lui proposa alors d'aller s'installer à un petite table un peu plus loin pour faire son formulaire et attendre qu'un médecin puisse la prendre dans son bureau.

La jeune femme s'exécuta et quelques minutes plus tard elle rendait ses feuilles à la femme du secrétariat. Elle n'avait maintenant plus qu'à attendre. Son estomac faisait de plus en plus de boucle dans son ventre. Elle se rendait peu à peu de la folie de son projet, mais elle devait y croire maintenant plus que jamais si elle voulait qu'il réussisse. Finalement elle eut la chance de ne pas avoir à attendre trop longtemps car le Docteur Manson passa dans la pièce et fut interpellé par la secrétaire qui s'informa de savoir s'il était occupé. Il lui répondit par la négative, un miraculeux créneaux de libre dans son agenda lui permettait de recevoir Swann maintenant. Elle le remercia avant de le suivre jusqu'à son bureau. Lorsque l'homme eut fermé la porte derrière eux, il invita sa nouvelle patience à s'assoir dans un siège qui se trouva face à son bureau. Il s'assit à son tour dans un large fauteuil de cuir avant de fixer la jeune femme avec attention. Il avait prit son dossier sur le bureau du secrétariat et il parcourait maintenant des yeux les deux pages de renseignements qu'avait fourni le lieutenant de police. Le silence était donc tombé sur la pièce pendant de longues minutes qui avaient paru plus qu'interminable pour Blake. Elle se sentait de moins en moins rassurée et de moins en moins confiante. Son coeur semblait battre à tout rompre dans sa poitrine et s'il continuait comme ça, il allait bientôt finir par exploser !

Mais le Dr. Manson fini par prendre la parole et rompre le silence religieux qui s'était posé sur la pièce. Il lui demanda alors d'une voix grave et posé de lui expliquer plus en détail pourquoi elle était ici. Il la fixait de son regard profond et dénué d'expression, il ne semblait ni la juger, ni même penser quoi que ce soit, il la scrutait simplement de façon neutre, c'était très étrange et déstabilisa un peu plus la jeune femme. Elle déglutit difficilement avant de s'éclaircir la voix le temps de trouver ses mots. Lorsqu'elle prit la parole à son tour pour répondre à son interlocuteur sa voix trembla légèrement de malaise. Elle avait peur que son plan ne marche pas mais ce dit qu'au fond, il était aussi normal pour quelqu'un qui avait un trouble d'avoir du mal à en parler et de se sentir déstabilisé non ? Elle tenta alors de lui expliquer son problème avec l'alcool comme elle l'avait déjà fait avec son médecin traitant. Il lui posa des questions un peu plus pointu comme depuis quand elle était accroc à la bouteille, si elle avait une petite idées des raisons qui la poussait à s'enivrer avec excès, etc etc. Swann avait longuement réfléchit les jours précédents à toutes ces possibilités de questions et aux réponses qu'elle fournirait pour être la plus crédible possible.

En tout cas, le psychiatre l'écoutait avec attention mais son air parfaitement placide ne lui indiquait rien sur ce qu'il pouvait penser, s'il était convaincu ou non. Swann pour sa part en était presque tremblante, sa voix chavirait à chacun de ses mots et les larmes perlaient presque aux coins de ces yeux. Le silence fit place de nouveau dans le bureau de Manson qui la nota une derrière chose dans son calepin alors qu'il avait pris en note tout ce qu'il avait considéré comme pertinents durant l'entretien. Et puis sa réponse tomba :

-Je pense en effet que vous avez besoin d'aide et le meilleur moyen que nous avons de le faire est de vous encadrer pendant un certain temps, un séjour chez nous vous sera, je pense, le plus bénéfique, vous bénéficierez des derniers traitements les plus efficaces pour vous sortir de cette mauvaise passe. Qu'en pensez-vous ?

Swann prit un certain temps avant de donner sa réponse, elle pouvait toujours refuser, mais non, elle devait aller jusqu'au bout, elle ne décrocha qu'un hochement de tête pour accepter son internement, puisque c'était bien ce ça qu'il s'agissait.

-Très bien... il nota de nouveau quelque chose avant de refermer le dossier de Blake et de se lever, l'invitant à faire pareil. Il rouvrir la porte de son bureau, dossier sous le bras, et interpella une infirmière dans le couloir, s'entretenant à voix basse quelques instants avec elle. Elle acquiesça la tête puis le Docteur Manson invita Swann à suivre l'infirmière en lui assurant qu'elle s'occuperait de lui expliquer comment aller se dérouler la suite. Il serra la mains de sa nouvelle patiente pour la saluer et ajouta une derrière parole avant qu'ils ne se séparent :

-Je vous revois très bientôt, si vous acceptez que je sois votre médecin évidement. Fit-il avec un regard entendu. Swann lui répondit par la positive avant de suivre l'infirmière qui la pria de la suivre, ce qu'elle fit.

Les deux femmes redescendirent les escaliers qui les ramenèrent vers le secrétariat. Arrivées en bas, Swann se perdait doucement dans ses pensées, dans l'entretien qui venait se dérouler. Un homme salua la secrétaire qui semblait se prénommer Emilie. Swann le jaugea rapidement, brun, plutôt massif et... pas le temps de finir sa description que Swann se fit violemment percuté par l'homme en question qui avait brusquement faire volte face pour, visiblement, repartir en sens envers. Après avoir étouffé un « aoutch » de douleur et de surprise, elle leva les yeux vers l'objet de sa collision. Si elle était surprise de ce choc inopiné, l'homme qu'elle avait percuté se tenait bouche-bée face à elle, la dévisageant de haut en bas et passant se regard d'elle à l'infirmière. On aurait clairement dit qu'il venait voir un fantôme et Swann esquissa même un mouvement pour regarder derrière elle pour vérifier que c'était bien elle qui était à l'origine de cette réaction de la part de l'homme. Finalement l'homme prit la parole et Swann resta cloué sur place. Joane... il l'avait prit pour... sa soeur ! Oui évidement ! Elles étaient jumelles et se ressemblait presque comme deux gouttes d'eau ! Cela voulait dire... qu'il la connaissait ! Il la croyait partie ? Comment ça ? Partie comment ? Pour le coup elle comprenait pourquoi il était resté interloqué comme après avoir vu un revenant, et pour le coup c'est elle qui avait soudainement pâli... Son cœur s'était emballé d'un coup et il lui fallu quelques minutes pour réussir à articuler :

-Euh, je ne suis pas Joane..... je m'appelle Swann, elle tendit une main vers son soudain nouvel interlocuteur..... je suis... sa soeur... et vous ?

Elle jeta un coup d'œil rapide à l'infirmière qui l'accompagnait, elle ne voulait pas qu'elle interrompe trop rapidement, si elle pouvait prendre contacte avec une personne qui la connaissait elle ne voulait pas partir sans avoir son nom pour pouvoir le retrouver ! Il pouvait savoir quelque chose ! Bien que cela semblait le surprendre qu'elle puisse se trouver là, mais justement, pourquoi ? Il fallait qu'elle élucide ça.

Messages : 224 Date d'inscription : 22/06/2010

La jeune femme semblait tout aussi surprise que lui de la situation et mit également un petit temps avant d'avoir une quelconque réaction. Durant ces longues secondes, Derek continua à la dévisager, mais cette fois-ci avec plus de minutie. Son regard la transperçait littéralement de part en part, se concentrant sur les moindres détails de la physionomie de celle qu'il pensait encore être Joane. Et en parlant de ça, il sentait que quelque chose n'allait pas. Elle n'était pas sa meilleure amie, mais il connaissait ce visage, il avait eu plusieurs fois l'occasion de l'observer et il arrivait à discerner qu'un détail clochait. Elle semblait apeurée, éteinte et surtout, perdue! Hors Joane n'avait jamais eu ce genre d'expression. Elle était sûre d'elle et limite insolente, parfois rayonnante, parfois l'air d'une vraie folle, rien à voir donc avec la créature qui se tenait devant lui. Cependant, la résidente apporta une explication qui éclaira les interrogations de l'homme lorsqu'elle reprit la parole. A nouveau, il resta stoïque, comme frappé par la foudre. Ainsi elle avait une sœur jumelle qui était également internée? A croire que certains gènes étaient en fin de compte responsables de prédispositions à la « folie ». Dès que cette idée lui traversa l'esprit, Baxter esquissa un sourire en pensant immédiatement à sa propre sœur, aussi saine d'esprit que lui était schizophrène. Qu'est-ce qu'il serait devenu s'il n'avait pas eu Lizzy? Il ne préférait pas y penser, cela le démoralisait à chaque fois et puis pour le moment, il devait se concentrer sur Swann! Pourquoi était-il étonné que Joane ne lui en ait pas parlé, il ne savait pas trop, car après tout ils n'étaient pas proches. Peut-être était-il simplement surpris de ne jamais avoir vu la nouvelle arrivante, si toutefois elle venait voir sa sœur, mais aussi de voir débarquer un membre de la famille à Blake alors qu'elle-même était internée et qu'elle avait disparu de la circulation.

Quoiqu'il en soit, la jeune femme lui avait posé une question et elle attendait très certainement une réponse. Elle lançait de temps à autre un regard à l'infirmière qui l'accompagnait, l'air étrangement décontenancée. Derek, lui, tenta à nouveau d'esquisser un sourire comme il pu et salua l'infirmière avant de se retourner vers la nouvelle internée et de regarder la main qu'elle lui tendait avec hésitation. S'accommoder de la compagnie des autres était une chose, mais se rendre à ce point-là sociable et obéir aux codes de bienséance qui régissaient le monde extérieur, monde auquel il n'appartenait plus depuis longtemps, ça..... ça c'était tout autre chose. Il se mordilla la lèvre inférieure une fraction de seconde et laissa planer un silence hésitant avant de tendre son bras et de serrer avec fermeté la main de Swann.

- Désolé. Pour vous avoir percuté et prise pour Joane. Je suis Derek.

L'infirmière lui lança un sourire encourageant et qui lui montrait à quel point elle était fière de lui. C'était ce genre de personne qu'il aimait avoir autour de lui. Des gens qui ne le jugeaient pas malgré le fait qu'ils avaient pleine connaissance de sa maladie. Des gens qui ne fuyaient pas non plus. Des gens qui l'aidaient à avancer dans la bonne direction. Malheureusement, tout le personnel de l'Asylum n'était pas de cette trempe-là... Et en ce qui concernait les gens au-dehors, mieux valait ne pas en parler! L'homme n'était pas non plus agoraphobe, mais il devait réapprendre et ce assez rapidement, à se comporter en société s'il voulait repartir au Sweet Looney dans les plus brefs délais. Il devait également apprendre à faire confiance aux autres et à différencier ceux qui étaient mal attentionnés de ceux qui ne lui voulaient aucun mal s'il voulait, un jour, pouvoir mener une vie « normale ». Il détestait ce mot, au plus haut point, mais il ne savait comment qualifier ces êtres humains qui ne souffraient d'aucun trouble et qui menaient une vie simple et sans autres soucis que ceux que peut amener une vie.

Son esprit divaguait encore, mais il fut tiré de ses réflexions par l'infirmière qui lui adressait la parole d'une voix douce. Elle lui demandait d'accompagner la nouvelle venue au Green Block, là où elle devait être prise en charge par l'infirmière en chef du bâtiment et de lui présenter les différentes infrastructures. Elle-même se serait fait un plaisir de le faire, mais elle était déjà en retard pour une réunion et puisqu'il devait lui-même y retourner... Derek la fixa de ses yeux châtains, l'air perplexe durant quelques secondes et allait protester, de manière polie s'entend, mais il n'en eut pas le temps. Sans attendre sa réponse, la femme avait tourné les talons et s'en allait déjà dans les étages. Dépité, il posa son regard sur la sœur de Joane et lui fit signe de sortir avec lui. Il descendit les marches en silence et persista dans son mutisme jusqu'à ce qu'ils arrivent aux abords d'un premier bâtiment qu'il lui présenta.

- Ca c'est le Sweet Looney Block. C'est la première marche du podium avant la liberté si tu veux. Mais peut-être que tu connais déjà tout ça............ vu que Joane est ici........... Et toi, qu'est-ce qui t'amènes? Tu chantes Swann?

Il avait remarqué que peut-être il avait été trop intrusif dans sa vie, mais en même temps, il avait pris l'habitude à l'Asylum d'être franc et de ne pas passer par quatre chemins pour dire ce qu'il avait à dire. Encore quelque chose qu'il allait devoir corriger s'il voulait être réintégré à la vie hors de l'institut! De même sa dernière remarque pouvait vraiment passer pour celle d'un fou, mais il ne s'agissait en fait que d'un simple jeu de mot sur le prénom de la demoiselle. Rien de bien méchant donc, c'était plus une attention de détendre l'atmosphère entre eux qui l'avait poussé à lui dire ça plutôt qu'un soudain délire incontrôlable, parce que mine de rien, le jeune homme était loin d'être à l'aise! C'était peut-être aussi pour cette raison qu'il s'était naturellement mis à la tutoyer, sans même s'en rendre compte. Ou bien à cause de la ressemblance entre les deux sœurs...

Messages : 241 Date d'inscription : 22/06/2010

Swann sentit inconsciemment les yeux de l’homme la dévisager, la transpercer de part en part. Sans vraiment sans rendre compte, son malaise s’était légèrement accentué et son dos avait été parcouru d’un frisson alors qu’elle avait croisé le regard de son interlocuteur. Elle avait du mal à exprimer ce que cet homme lui inspirait, pas vraiment de la crainte mais plus une sorte d’appréhension. Quelque chose d’impalpable mais de bien présent, de mystérieux qui brillait aux coins de ses yeux et que sa carrure et son allure générale ne faisait qu’accentuer. Son visage carré et fermé, ses lèvres légèrement pincées qui ne semblaient pas vraiment entrainées à sourire souvent, ses yeux sombres et durs ou encore ses sourcils en broussaille qui lui donnaient un air un peu rustre, Swann ne savait pas trop. Il mit un certain temps à prendre la main qu’elle lui tendait comme s’il n’avait pas bien su ce qu’il était censé en faire. Elle-même avait hésité à la retirer alors qu’elle tendait le bras dans le vide depuis quelques secondes déjà sans obtenir aucune réaction de la part de son interlocuteur. Mais au dernier moment, alors qu’elle allait amorcer un mouvement de recul, il l’avait saisi fermement pour une poignée de main. Il s’excusa alors de lui être rentré dedans ainsi que de s’être mépris sur son identité. Bon en même temps, lorsque l’on a une jumelle, c’est généralement chose courante, elle ne pouvait pas lui en vouloir pour ça, au contraire, c’était parfois un atout dont on pouvait jouer. Il finit par se présenter comme « Derek ». Point. Bon, certes elle non plus n’avait pas donné de détail sur son identité mais « la sœur de Joane » s’était déjà un minimum plus développé non ? D’un autre côté il n’avait pas vraiment l’air très à l’aise dans la conversation lui non plus, ou se méprenait-elle ? Le regard qu’elle intercepta quelques millisecondes plus tard entre son interlocuteur et l’infirmière qui l’avait accompagnée la confortait presque dans son idée. Le regard encourageant de celle-ci semblait le féliciter silencieusement de ce qu’il avait fait, était-ce donc un problème chez lui ? Si s’était le cas, peut-être finirait-elle par en avoir le cœur net si cette conversation se prolongeait.

Un silence s’installa alors sans que Swann ne sache ce qu’il était bon de faire. Son infirmière semblait attendre avec patience, tendis que Derek semblait perdu dans ses pensées. Elle le fixait un peu à la dérobée, ne se voulant pas trop intrusive mais il éveillait tout de même sa curiosité. C’est finalement la femme du personnel qui rompit ce silence en demandant à l’homme s’il pouvait faire découvrir sa nouvelle maison temporaire à la jeune femme. Swann n’eut aucun mal à se rendre compte qu’il n’avait pas spécialement envie de s’atteler à cette tâche et allait le faire comprendre à l’infirmière mais celle-ci avait déjà filé, laissant les deux protagonistes seuls dans le hall. Swann se sentit soudainement prise en porte à faux. Elle ne voulait absolument pas embêter Derek, elle pouvait bien y aller elle-même, elle n’était pas si bête au final, elle finirait bien par trouver non ? Elle allait le lui faire comprendre mais celui-ci, après un regard un peu contrarié, lui fit simplement signe de le suivre pour sortir. A croire qu’il avait prit sur lui. Swann le remercia doucement du regard. Sans s’en rendre compte, elle s’était légèrement apaisée et semblait déjà un peu moins stressée que tout à l’heure. Surement parce qu’elle commençait à se rendre compte que tout s’était bien passé, qu’on l’avait cru et qu’elle avait réussit à entrer à Apathéia Asylum.

Cependant, Derek n’avait pas décroché un mot, ils étaient sortis dans le silence le plus religieux tandis que dehors, le soleil pâle tentait de traverser les nuages. Elle avait légèrement resserré son écharpe autour de son cou pour la protéger de la brise plutôt fraiche qui faisait voleter les feuilles brunes qui tombaient des arbres du parc et des bois avec l’arrivée de l’automne.
Ils arrivèrent près du premier grand bâtiment qui formait l’Asylum. Derek lui présenta alors rapidement l’endroit comme celui qui annonçait la sortie imminente. Il s’arrêta un instant dans ses explications. Oui, Swann savait un peu déjà à quoi correspondait les bâtiments mais sa jumelle n’était jamais sortie du Green Block, jusque récemment apparemment... Swann se contenta de hocher la tête pour lui indiquer qu’elle connaissait vaguement. Etrangement, le fait que l’homme parle peu la plongea elle-même dans un mutisme réflectif. Elle se contenta de l’écouter, regardant avec un brin de nostalgie, le parc, les bâtiments, les yeux de son interlocuteur, tout en pensant à sa sœur qu’elle n’avait pu voir depuis bien longtemps et qu’elle ne connaissait plus que dans ses changements d’humeur lorsqu’elle venait la voir. Elle pensa à tous les bons moments passés de leur enfance et leur adolescence... Elle fut tirée de ses pensées lorsqu’il lui demanda ce qu’elle faisait ici. Il enchaina sans qu’elle ait vraiment eu le temps de répondre sur une question qui la laissa un brin perplexe. Elle s’arrêta quelques secondes le regardant d’un air interrogateur. Elle allait le faire répéter lorsqu’elle comprit ce qu’il venait de dire. Enfin plutôt le jeu de mot qu’il venait de faire. Un petit sourire timide sur le visage, elle secoua la tête un brin amusée par la boutade avant de se remettre en route et répondre à sa première question avec hésitation. Parler aussi facilement de ce qui était censé l’amener ne devait pas être évident et elle devait jouer le jeu jusqu’au bout absolument si elle ne voulait pas être démasquée.

-Je... j’ai quelques problèmes avec... l’alcool...

Elle regardait ses pieds alors qu’elle continuait de marcher le long du Sweet Looney. Elle ne savait pas bien si elle pouvait lui retourner la question, mais après tout, il avait été plutôt franc, elle ne voyait pas pourquoi elle n’aurait pas pu faire de même. Elle avait également remarqué qu’il s’était mis à la tutoyer. Ce rapprochement ne la dérangeait pas vraiment mais l’avait tout de suite marquée. Elle se décida à faire de même alors qu’elle lui faisait la même demande :

-Et toi ?

De plus, il serait d'autant plus facile de faire rapidement connaissance si elle se pliait à ses façons de faire. Et vu qu'il semblait connaitre Joane, c'était un bon point de départ pour commencer son investigation. Swann se sentit soudainement renaitre, son âme de flic mais surtout d'enquêtrice faisait de nouveau surface derrière la petite frayeur du test qu'elle avait dû passer.

Messages : 224 Date d'inscription : 22/06/2010

Le jeune homme avait lancé un petit coup d'œil amusé à Swann qui semblait quelque peu décontenancée par sa dernière remarque. Elle comprit cependant bien rapidement qu'il faisait référence à son prénom et lui sourit avant de lui affirmer d'un signe de tête qu'elle connaissait déjà les lieux. Tout du moins de l'extérieur pensa Ek, car aucun des visiteurs ne connaissait réellement les lieux. Elle enchaîna ensuite en répondant à la question sur son trouble qui fit naître une expression intriguée sur le visage du résident de longue date. Ainsi elle était alcoolique? Une addiction destructrice qu'il avait réussi à éviter de justesse, l'effleurant du bout de ses lèvres. Son internement l'avait empêché de sombrer définitivement dans tous les excès, cependant, il la comprenait mieux qu'elle aurait pu le penser. Il connaissait l'envie irrépressible de humer puis de sentir couler le long de sa gorge un liquide fort et chargé de saveur qui envahirait tout son corps d'une douce chaleur apaisante. Il aimait cette sensation de bien-être qu'il avait pu ressentir après une grosse cuite ou un fix' particulièrement puissant. Il se sentait alors généralement protégé lorsqu'il se retrouvait dans cette sorte d'état second, bien qu'il fut fabriqué de toutes pièces. Rien n'était réel, certes, et la chute, le retour à la réalité, était à chaque fois plus douloureux, mais c'était justement ça qui le poussait à recommencer, inexorablement, encore et toujours. Il souhaitait oublier cette déception et ce mal-être et se refaisait un shoot pour y parvenir ou vidait une nouvelle bouteille de gin. Plus d'une fois il avait frôlé l'overdose ou le coma éthylique sans même sans rendre compte. C'était un cercle vicieux qui l'aurait tué si Lizzy n'était pas venue à son secours... A nouveau, le fait de penser à sa sœur l'attrista et il fut reconnaissant à Swann de changer de sujet en lui retournant la question qu'il venait de lui poser. Une ombre était passée sur son visage, mais il se reprit rapidement et se força de nouveau à sourire. Décidément, il était dans un bon jour pour prendre autant sur lui sans que cela lui demande trop d'efforts! Ou alors s'était dû à la jeune femme qui se trouvait à ses côtés. Il savait qu'elle n'était pas Joane, mais le fait de connaître les traits de ce visage, cette physionomie, devait lui donner confiance en lui et l'apaiser car il lui répondit d'un ton calme et posé.

- Moi? Schizophrénie paranoïde en état chronique.

Il lui laissa le temps de comprendre et digérer l'information tout en la regardant avec intérêt, un sourire aux coins des lèvres. Généralement, ce genre de révélations faisait fuir les gens, effrayés qu'ils étaient pas les termes d'un diagnostique dont les préjugés étaient tenaces et auquel ils ne comprenaient rien. Lui-même avait été étonné d'entendre dire qu'il était schizophrène, car il ne lui semblait pas que plusieurs personnes partageaient son corps et s'exprimaient à travers sa bouche. Pour lui, il était simplement... fatigué et déconnecté de la réalité. C'était d'ailleurs là une autre raison qui l'avait poussé à boire et à se droguer : se sentir enfin vivant! Et peut-être était-ce la même chose pour la jeune femme qu'il dévisageait avec patience, un brin amusé. Il tentait de reconnaître des signes de panique, d'appréhension ou même de dégoût, mais avant de déceler quoique ce soit, il se décida à lui donner une chance et à éclaircir la situation. Peut-être qu'en lui expliquant calmement sa maladie, elle serait plus sereine sur le fait de rester seule à seule avec lui, sans personne pour les surveiller? Derek était habitué à parler de son trouble de manière ouverte, posée et franche. Il était réaliste sur son état et quand il avait les idées claires, comme maintenant, il était capable d'avoir une discussion tout à fait honnête et sincère sur le sujet. Il reprit donc la parole de la même voix calme tout en fixant son interlocutrice d'un regard pénétrant.

- Je n'ai pas plusieurs personnalités. J'ai un côté Dr. Jekyll et Mr. Hyde, mais ce ne sont pas deux « moi » distincts. Je suppose qu'on a tous nos bons et nos mauvais jours, c'est juste qu'ils sont un peu plus violents chez moi.... Mais tu n'as pas à t'inquiéter. Les voix, les hallucinations et les délires me laissent tranquilles depuis quelques temps et je commence à sortir de ma chambre. Je ne vais pas te mordre.

Pas sûr que cela la rassure, mais ils commençaient à arriver aux abord du Green Block et c'est le moment que choisi l'homme pour lui présenter les derniers édifices de l'institut. D'accord, elle les connaissait apparemment déjà, mais ce rôle de guide touristique l'amusait en fin de compte plus que ce qu'il aurait pensé. Il lui désigna donc le bâtiment principal, puis celui où elle séjournerait, avant de lui pointer du doigt le Black Block. Là, lui-même ne savait pas ce qu'il s'y passait. Heureusement d'ailleurs, car il était de notoriété publique que seuls les plus dangereux criminels, ceux que mêmes les résidents appelaient « des fous », étaient internés là. Lentement, il reposa son regard sur Swann afin de voir comment elle prenait tout ce qu'il avait pu lui dire. Cela faisait peut-être beaucoup d'un coup pour elle ? S'avouer qu'on avait un problème, atterrir au sein d'un asile et être menée à sa nouvelle maison par un schizophrène en passant devant un lieu renfermant des assassins, des violeurs ou encore des tueurs en série. Une journée des plus normales à l'Asylum, mais elle n'était pas de ce monde. Pas encore. Il allait lui falloir un temps d'adaptation plus ou moins long avant qu'elle ne se sente réellement à l'aise ici et n'ait plus peur de ce qui l'entoure. Bien vite, elle commencerait à craindre la vie au-dehors de ces murs d'enceinte, là où elle n'avait pas été à l'abri d'elle-même.

Messages : 241 Date d'inscription : 22/06/2010

Swann avait distraitement observé son guide du moment pendant les quelques instants où ils avaient marchés silencieusement alors que Derek semblait perdu dans des pensées lointaines. La jeune flic n'avait pas chercher à le tirer de ses réflexions, surement parce qu'elle était elle-même plongée dans un état pensif avancé, en fait. Ils se contentaient donc de faire crisser les gravillons du petit chemin qui zigzaguait harmonieusement à travers une pelouse bien verte et proprement entretenue agrémentée de petits tertres fleuris et qui conduisait doucement mais toujours irrésistiblement vers l'imposant bâtiment qu'était le Green Block. Swann, qui avait toujours foulé ce sentier en personne « libre » comme elle le disait, tout en sachant qu'elle serait de nouveau dehors quelques heures plus tard au maximum, elle voyait dorénavant l'aspect peu avenant de l'endroit qu'on essayait tant bien que mal de dissimuler, d'une toute autre façon : en tant que « résidente permanente ». Au delà de la vie à l'Apathéia Asylum et avec les autres pensionnaires, de sa thérapie d'une maladie qu'elle avait de toute part inventé, de l'ambiance étrange qui régnait entre ces murs... elle devrait surtout se focaliser sur sa sœur, sa jumelle. Elle devait la retrouver, comprendre ce qui se passait, enquêter discrètement.

D'ailleurs, le fait que l'homme qu'elle côtoyait à cet instant même connaisse sa soeur pouvait se trouver être un bon point de départ à tout cela et au delà de la petite visite touristique que lui offrait gracieusement le pensionnaire, bon certes, plutôt contre son gré, elle essaierait, après les présentations faites et une confiance établie de lui poser quelques questions. Après tout, si Derek avait été aussi surprit de se retrouver face à Joane peut-être ne dirait-il pas non pour aider sa soeur à la retrouver ? Il faudrait dans tous les cas qu'elle y aille précautionneusement, sans chercher à aller trop vite en besogne.
De plus, la réponse que finit par lui fournir l'homme sur sa pathologie la confirma dans ses idées de ne pas chercher à le questionner trop rapidement. Elle fronça les sourcils. Schizophrénie paranoïde ? La jeune femme ne savait pas bien à quoi cela pouvait correspondre, elle avait une petite idée mais au final elle n'était même pas certaine qu'il ne s'agissait pas d'une idée reçue. En tout cas, elle ne pu s'empêcher d'avoir maintenant une certaine réticence vis-à-vis de son interlocuteur. C'était stupide, elle le savait, mais tout de même, est-ce que ça ne voulait pas dire que d'un moment à l'autre il pouvait changer de comportement d'une façon radicale ?

A croire que Derek avait senti son tressaillement ainsi que le très léger mouvement de recule qui avait suivit l'annonce presque impassible du pensionnaire de l'Asylum. Elle s'en était immédiatement voulu d'ailleurs, après tout, elle n'avait eu pour l'instant aucune raison de se sentir mal en la présence de Ek et il avait été parfaitement correct avec elle. Quoi qu'il en soit, l'homme n'avait pas tarder de lui donner quelques précieuse précision sur son état qui permirent à Swann de mieux se rendre compte en quoi cela consistait vraiment chez son interlocuteur, qui semblait d'ailleurs prendre tout ça avec une certaine légèreté, du moins, pas le moindre complexe pour en parler. Swann se sentait d'autant plus idiote maintenant, surtout après qu'il lui assura qu'il n'allait pas la mordre. Elle ne savait pas vraiment comment elle devait réagir pour lui faire comprendre qu'elle n'avait pas voulu le regarder de travers quelques instants plus tôt. En quelques secondes de réflexion elle en vint à la conclusion que passer au dessus de sa réaction première et rester naturelle était la meilleure chose à faire. Un sourire vint alors illuminer son visage, ce qui lui donnait un air particulièrement chaleureux et avenant.

-C'est une bonne chose à savoir ! Fit-elle sur le ton de la plaisanterie.

Bien rapidement cependant, Derek reprit le rôle qu'on lui avait un peu attribué de force et il lui présenta un endroit qu'elle connaissait déjà puisque c'est là qu'elle était venue un nombre incalculable de fois pour rendre visite à sa pauvre sœur. A cette pensée son cœur se serra, elle revoyait la petite pièce exigüe et neutre de blancheur, sa jumelle prostrée sur son lit, les cheveux défaits, le teint pâle et les yeux gris. Son silence aussi. Et maintenant c'est elle qui se retrouvait à sa place, c'en était presque effrayant... Mais à la différence de Joane, Swann découvrirait se qui se tramait dans cet endroit, elle découvrirait la preuve des différentes hypothèses émises pas son supérieur hiérarchique de la police et des familles qui avaient mystérieusement perdu un membre.
Mais lorsque Derek pointa d'un doigt fort le Black Block, Swann ne put empêcher un frisson glacé de parcourir son échine. Une image violente de sa soeur supposée entre ces murs vint heurter sa rétine. Elle dût cligner plusieurs fois des yeux pour effacer l'image persistante. Au moment où elle avait cru qu'elle s'inquiéterait de savoir comment tout cette nouvelle vie qui s'ouvrait d'une manière des plus étranges devant elle, elle ne cessait de se répéter la même question en boucle tout en fixant le BB Joane, *Ma p'tit soeur, où est tu ? Ou te cache-tu donc ?* Son air se rembruni instantanément, elle tentant de reprendre un masque un peu plus neutre avant de se tourner de nouveau vers son interlocuteur.

-Merci beaucoup pour cette petite visite, je suppose que nos chemins se recroiseront assez souvent ? Je l'espère en tout cas, finit-elle par ajouter après une petite pause.

Ils reprirent leur marche d'un pas mesurer mais lent. Swann prenait son temps pour «admirer » le parc et ses alentours, les bâtiments aux fenêtres closes, les quelques pensionnaires qui avaient le droit de sortir et qui éraient ici et là dans leurs pantoufles et avec leurs airs souvent absents. Bientôt ils arrivèrent à l'entrée du Green Block et ils devraient alors se séparer.

Cap'tain Nemo Messages : 54 Date d'inscription : 04/08/2010

/!\ Premier Post /!\

Andrew n'avait pas vu le temps passé. Il avait été de garde pendant la nuit et c'était presque étonné qu'il s'était rendu compte de la lumière qui filtrait à travers le store de son bureau. Confortablement installé dans son fauteuil, il était en pleine contemplation d'un tableau posé sur l'un des murs, représentant un bateau prit dans la tempête de l'océan. La nuit avait été étonnamment calme pour une fois. Les patients du Black Block n'avaient, presque, pas fait de vague. Une ou deux injections pour calmer les plus récalcitrant et il avait pu ensuite vaquer à ses occupations, laissant les heures filées sans crainte. Bien qu'il fût chef de service, il appréciait d'avoir ce genre de travail, qui était normalement relégué à des subordonnés. Mais puisqu'il appréciait l'asile, il en profitait le plus possible. Voilà pourquoi il avait pu grader si facilement aussi. Un tel enthousiasme dans son travail permettait une vraie reconnaissance de la part des supérieurs hiérarchiques.

Un bruit sourd contre la porte de son bureau le sorti de ses considérations aquatiques. Une tête bien connue, passa l'ouverture, une collègue. L'infirmière en chef d'un autre bloc, avec qui il avait tendance à bien s'entendre. Comme un peu la quasi-totalité du personnel soignant. Mais allez savoir si c'était une appréciation réelle ou une forme d'hypocrisie... enfin Andrew n'était plus à ce genre de considération prêt et prenait les choses comme elles lui venaient. Et quand il s'entendait bien avec quelqu'un, il faisait en sorte de garder au mieux les bonnes relations. Elle venait lui demander un service, pas de problème, il était toujours prêt à en rendre, quand ça concernait l'Asylum. Ce qui était le cas, la femme avait un rendez-vous qu'il ne pouvait pas manquer dans l'après-midi et elle voulait savoir s'il était possible à Holmes, de prendre en charge les patients qui pourraient débarquer dans son bloc pendant son absence. Aucun problème! Il se ferait un plaisir de lui enlever cette épine du pied. La collègue partit rassurée, lui promettant un café. La secrétaire l'appellerait s'il y avait un petit nouveau entre les murs.

Parfait ça, de quoi permettre à notre infirmier de se dégourdir les jambes et de sortir un moment du Black Block, pour aller faire un tour du côté des autres, faire la tourner des malades aussi par la même occasion. Et bien oui, il prenait toujours ses remplacements à coeur. La matinée se passa avec quelques incidents mineurs, bien rapidement maîtrisé, avant que le téléphone qu'il portait toujours sur lui ne vibre et qu'on lui apprenne qu'une jeune femme se rendait en direction du Green pour y être internée. Il s'y rendrait donc, pour la rencontrer. Blake, ce nom lui parlait, était-ce une proche de Joane? Il en aurait le cœur net en la voyant.

Passant le mot aux autres, il les laissa s'occuper comme il savait si bien le faire de cette partie et d'un pas tranquille, les mains dans sa longue blouse blanche, se rendit à son point de rendez-vous. Mettant les pieds à l'air libre, il inspira profondément pour se remplir un bon coup les poumons d'air pur, avant de continuer sa route tout en saluant parfois les gens qu'il croisait. Il ne manqua pas de repérer bien rapidement la nouvelle venue, accompagne d'un autre interné. Derek Baxter. Un fin sourire aux lèvres, il s'approcha donc du couple incongru, sans montrer l'étonnement qui l'avait prit en voyant la dite Swann... la ressemblance avec Joane était édifiante, des jumelles? Ou un mauvais gag? Il verrait, mais en tous les cas c'était bien que les patients aient des petites responsabilités, comme s'occuper des nouveaux. Un bon moyen de les occuper.

- Mademoiselle Swann Blake je suppose. Bienvenue parmi nous. Je suis Andrew c'est moi qui vait vous faire découvrir vos nouveaux quartiers. Alors qu'il lui tendait une main pour la saluer de façon polie et éduquée. A quoi bon rabaisser directement ces gens? Ca ne faisait que les refermer un peu plus sur eux-mêmes, sans rien apporter d'autre qu'une réaction violente contre tous les traitements qu'ils pourraient subir. Holmes était partisan de la méthode douce et était sur que si on montrait un tant soit peu de respect à ces gens, il serait plus facile de les aider dans leur guérison. Merci Derek de l'avoir conduite jusqu'ici.

Il connaissait tous les patients, nom, âge, maladie. Un moyen comme un autre de se sentir un peu plus proche d'eux. Et de créer des liens, qu'ils acceptaient ou non d'ailleurs. Celui-ci en l'occurrence, avait parfois tendance à être un peu trop méfiant. Pourtant, il ne lui voulait aucun mal. Son attention se porta rapidement à nouveau sur la femme, elle lui ressemblait tellement...

Messages : 224 Date d'inscription : 22/06/2010

Derek avait à peine perçu le mouvement de recul qu'avait eu la sœur de Joane, bien trop habitué à provoquer ce genre de réaction, il n'en tenait maintenant même plus compte. Surtout que la jeune femme sembla s'en vouloir et agit le plus naturellement par la suite, se permettant même de plaisanter avec lui. C'était bien là une chose dont il n'avait plus l'habitude! D'accord, certains membres du corps médical était plutôt sympathiques et parfois ils leur arrivaient de rire avec leurs patients, mais l'homme était tellement habitué à ce que l'on craigne ses réactions ou à tout simplement être complètement isolé, que cela lui faisait toujours un bien fou. D'ailleurs, un léger sourire vint lui barrer le visage tandis qu'il tournait un regard timide et gêné vers elle. De temps à autre, il lui jetait un coup d'œil et commençait à présent à noter les infimes différences que les jumelles pouvaient avoir. Il suffisait de prêter attention et l'on distinguait tout à coup des grains de beauté qui semblaient avoir changé de place ou être devenus plus grands ou plus petits s'ils n'avaient pas totalement disparus. C'était à peu près tout ce que l'on pouvait noter, mise à part peut-être une coupe de cheveux différente pour chacune. Il ne s'attarda pas plus sur l'analyse du physique de la nouvelle venue, ne souhaitant pas la mettre mal à l'aise, surtout qu'il avait remarqué un changement subit. Au bout d'un certain temps passé dans un asile, on devenait plus observateur, plus à l'affût de ces petits gestes chez les autres, annonciateurs d'orages et de crises. Il était impératif de les repérer afin de se mettre à l'abri le plus vite possible et ainsi de les éviter. Déjà qu'il fallait se supporter soi-même, supporter les autres et leurs moments de doutes ou de faiblesses n'étaient pas toujours aisé.

Il continua donc à marcher silencieusement, se gardant bien de faire une quelconque remarque sur le voile qui avait traversé son regard un instant, jusqu'à ce qu'elle reprenne la parole. Les yeux fixés sur le Green Block qui s'approchait inexorablement, il ne lui répondit pas tout de suite. Quelque peu surpris de tant d'attention et de politesse de sa part, il était troublé et avait oublié comment gérer ce genre de conversation avec une personne venant de l'extérieur. Avec les médecins, les infirmiers, les aides soignants et autre, c'était devenu facile, mais là... Il aurait été dans une mauvaise période, il aurait clairement été soupçonneux vis-à-vis de sa manière d'agir et rien de bon n'aurait découlé de la suite de leur entrevue. Cependant, heureusement pour eux deux, il se sentait plutôt bien ces derniers temps et même enclin à faire des efforts. Il lui répondit donc de sa voix grave et posée, se raclant quelque peu la gorge au préalable. Après tout, il n'était pas habitué à ce genre d'échanges.

- Je t'en prie. De toute façon, tu devais déjà tout connaître.

Il marqua une pause, hésita quelques secondes, pesant le pour et le contre de ce qu'il allait dire, avant de reprendre la parole d'une voix mal assurée. Décidément, il prenait sur lui depuis qu'elle était arrivée!

- Si jamais tu as besoin de quelque chose. Ou si tu veux que je t'apprenne les règles propres aux internés ou comment détourner celles imposées par l'Asylum. Fais-moi signe.

Il ponctua sa phrase par un sourire en coin plus qu'explicite sur son expérience quand au détournement des règles de l'asile, avant de reprendre une expression plus sérieuse en entendant une voix qu'il connaissait quelque peu s'adresser à eux. Que venait faire l'infirmier en chef du Black Block ici? Apparemment, accueillir la nouvelle venue, ce qui avait un sens sachant que Mrs Hodgkin, la collègue de Holmes, ne serait pas là de tout l'après-midi. Les patients savaient généralement lorsque les membres du personnel s'absentaient, un moyen comme un autre de les rassurer et de ne pas les perdre dans l'ordre qui les entourait. C'était peut-être parce qu'il ne faisait pas parti de son « paysage » habituel que Ek avait de la peine à apprécier le nouvel arrivant. Cet homme-là était étrange, passionné par les bateaux, à ce que les rumeurs disaient, à tel point que la plupart des internés se demandaient ce qui avait bien pu le pousser à choisir une carrière médicale plutôt que celle de mousse! Le patient avait de la peine à se sentir à l'aise en sa présence et c'est tout naturellement que, après lui avoir fait un signe de tête, la mâchoire crispée et avoir gratifié Swann d'un « A plus tard ! », il tourna les talons et rejoignit la salle commune du Green Block.

Salle Commune du Green Block

Messages : 241 Date d'inscription : 22/06/2010

Derek fut, semblait-il, loin de prendre mal la plaisanterie de la jeune flic. Celle-ci avait dû mal à ne pas sentir cette impression bizarre qui la submergeait, voilà qu'ils se raillaient sur leurs troubles alors que le sujet avait toujours été, dans la vie de Swann, parmi sa famille, ses amis, un sujet pour le moins tabou que tout le monde prenait avec des pincettes à défaut de ne pas en parler du tout. Parler de la « pauvre Joane » enfermé à l'Asylum depuis si longtemps n'était jamais chose aisé et mettait souvent les gens mal-à-l'aise et Swann ne supportait plus de voir ses hypocrites essayer de changer de conversation à chaque fois qu'elle avait tenter d'aborder la question. Et puis, son supérieur dans la police avait commencé à s'intéresser à l'asile... de sa propre décision elle s'était alors portée volontaire pour se faire internée et voilà qu'elle était confrontée à ce, qu'au fond un peu, elle avait toujours redouter : le monde qui retenait sa jumelle prisonnière depuis trop longtemps.

Sur le visage dur et carré de l'interlocuteur de la nouvelle arrivante c'était dessiné un petit sourire, certes timide, mais la confortant dans l'idée que les choses se passait pour l'instant bien. D'après ce qu'elle avait pu comprendre, il n'était pas tous les jours aussi aimable, mais il faudrait que cela continue un peu, du moins, le temps qu'elle puisse acquérir une confiance réciproque. Surtout sur le dénommé Derek connaissait sa jumelle. Il pourrait surement lui être d'une aide précieuse et, au delà de sa petite enquête, elle espérait qu'il pourrait être un point de repère sur qui compter. Car après tout, l'endroit dans lequel elle venait d'entrer, et cela surement pour un petit bout de temps, était nouveau et probablement hostile, et l'enquêtrice ne savait encore pas à quoi s'attendre dans ce lieu qu'elle n'avait toujours connu que de façade, du point de vue des visiteurs.

Au fil de leur petite marche vers leur point de destination, Swann ne manqua pas de remarquer les quelques petits coups d'oeil que lui avait lancé l'homme, même si elle n'en fit rien remarquer. Elle savait exactement à quoi ils correspondaient et à quoi l'homme devait penser à ce moment même. Il s'agissait des regards à la dérober qu'on lançait généralement aux jumelles. Ensemble ou seules, c'était toujours ce même regard qui cherchait à les distinguer. Cet oeil qui tentait de comprendre pourquoi il connaissait parfaitement cet personne tout en sachant que l'une n'était pas l'autre malgré leur ressemblance presque parfait et qu'il était dérangé par quelques détails incohérents. Avant que le cerveau ne finisse par relever les infimes différences qui distinguaient les jumelles Blake.

Alors qu'ils approchaient sensiblement du Green Block, Derek se déchargea du fait que la jeune femme, malgré ses remerciements, devait déjà connaître les lieux. Ce qui n'était pas spécialement faux en réalité. Mais elle avait tout de même apprécier ce court moment où son inquiétude et la boule nouée dans son ventre s'était quelque peu détendue, plus que si elle avait du marcher seule jusque là, à faire monter un peu plus la peur. Avoir discuté lui avait fait penser à autre chose.
Swann allait lui répondre lorsque l'homme reprit, d'une voix qui semblait un peu hésitante. Sur son visage elle pouvait lire qu'il faisait de réels efforts. Il lui proposa alors de l'aiguiller quand elle en aurait besoin, pour tout ce genre de chose qu'on ne pouvait qu'apprendre avec le temps.
La jeune policière répondit à son interlocuteur d'un sourire chaleureux et totalement explicite. Elle en serait ravie et il ne pouvait même pas imaginer à quel point. Elle était plutôt soulagée par sa proposition, car en effet, il y a beaucoup de chose dont elle aurait besoin d'être au courant afin de pouvoir mener son investigation et tenter de retrouver sa sœur !

Alors qu'ils arrivaient au lieu convenu, un homme, la bonne quarantaine, la salua. Étrangement elle ne le connaissait pas ni ne l'avait vu auparavant. A moins qu'il n'ai été affecté au Green Block que très ressèment, la jeune femme était persuadée qu'il n'en faisait pas partie. Il lui tendait une main polie qu'elle sera en hochant la tête.

-C'est bien moi, fit-elle pour confirmer son identité.

Derek pour sa part ne s'attarda pas, le médecin, se présentant comme étant « Andrew » le remercia avant de le laisser s'éloigner. Swann pour sa part lui lança un dernier regard doux avant de se focaliser de nouveau sur l'homme face à elle.

-Vous n'êtes pas affecté au Green Block, n'est-ce pas ? Demanda-t-elle presque immédiatement d'un ton des plus neutres.

Autant elle avait été presque anormalement souriante en présence de Derek, qui avait servi à le mettre en confiance et à se rassurer elle-même, autant son caractère froid et distant avait maintenant reprit le dessus. Maintenant qu'elle était dans la gueule du loup, au delà de devoir faire croire à un violent trouble avec l'alcool, elle n'avait pas l'intention de changer du tout au tout, il fallait qu'elle soit crédible et donc un minimum sincère, elle-même.

Cap'tain Nemo Messages : 54 Date d'inscription : 04/08/2010

Pas besoin de beaucoup à Holmes, pour comprendre que Derek n’était pas franchement heureux de le voir. Il n’en prenait pas ombrage, c’était dans la maladie de cet homme que de se méfier des gens qu’il connaissait moins. Et puis il était évident que l’infirmière en chef du Green Block était bien plus agréable à regarder que lui. Il ne faisait pas le poids. Mais ne s’en formalisa pas plus, gardant son sourire affable, pour ce patient. Ce n’était pas la première fois qu’on se méfierait de lui et ça ne serait assurément pas la dernière.

La complicité entre les deux malades semblait être de mise, Holmes n’avait pas manqué le regard et le sourire qu’avait lancé la nouvelle à son camarade. Tant mieux, c’était parfait qu’ils s’entendent, ça aidait à les faire s’ouvrir aux autres, à se guérir. Le soutient entre patient était une partie importante de leur guérison. Il se souvenait de ceux qui l’avaient prit sous leur aile, quand il avait débarqué ici, il y a des années de cela. L’infirmier leur devait beaucoup. Ca ne pouvait pas être considéré comme une vraie famille, mais des gens sur qui l’on pouvait compter, quand ils n’étaient pas en crise.

Evidement, dès que le regard de la jeune femme se posa sur lui, il changea du tout au tout. Il était froid. Presque méfiant. Elle ne changerait pas des autres, c’était certains. Incroyable cette ressemblance.

- Enchanté Swann. Fit-il avec son sourire aimable. Tout en lui lâchant la main. Elle l’avait serrée avec une certaine force. Le caractère serait sûrement pareil.

Elle savait qu’il n’était pas du Green ? Soit elle avait une déduction de malade, soit elle en savait déjà beaucoup sur l’asile. Quoique… vu qu’elle était assurément la jumelle de Joane, elle avait sûrement eu la possibilité de venir la voir une ou deux fois quand même. L’homme eu un léger rire à sa question.

- En effet, je m’occupe du Black Block, mais l’entraide entre chef de service arrive. Nous y allons ?

Faisant un mouvement de la main, pour lui ouvrir le chemin. L’invitant ainsi à le suivre. Glissant une de ses mains dans sa poche, il marcha d’un pas tranquille jusqu’au bâtiment, suivant la route qu’avait prit Derek un peu plus tôt.

-C’est rare, les internements intentionnels. Mais courageux. Après tout, fort peu de gens acceptaient d’avoir un problème psychique, qui demandait un traitement spécial.

C’était bien tout ce que savait l’infirmier sur cette femme et sa venue dans l’institution, une décision des plus personnelles. Il pourrait toujours aller lire le dossier un peu plus tard, ce qu’il ferait sûrement, puisqu’il aimait savoir de quoi souffraient les patients en général. Pas par curiosité malsaine, non, simplement pour savoir à quoi il pourrait avoir à faire. Si par hasard la démence venait à gagner son interlocuteur, il fallait pouvoir agir en circonstance, vite et bien.

- Derek t’a déjà donné les quelques règles de l’établissement et du Green en particulier ?

Autant savoir les informations qu’elle avait déjà, plutôt que de lui dire deux fois la même chose. Même si certain en avait besoin, mais ce n’était peut-être pas le cas de cette demoiselle. S’il savait que c’était une ancienne flic… peut-être que sa sympathie changerait légèrement. Ses souvenirs avec les forces de l’ordre n’étaient pas des meilleures.

Là n’était pas la question… pour le moment.

Messages : 241 Date d'inscription : 22/06/2010

Swann regardait Derek s'éloigner du coin de l'oeil tandis que l'infirmier en chef qui lui faisait face ne faisait que lui confirmer ce qu'elle savait plus ou moins déjà. Son visage impassible scrutait l'homme qui tendait une mains pour le montre le chemin à suivre. Elle acquiesça silencieusement avant de suivre le pas de Holmes. Après quelques pas calmes et silencieux sur le chemin gravillonné, l'infirmier repris la parole, commentant le fait qu'elle était venue d'elle-même se faire interner dans l'établissement. La jeune femme ne répondit rien qu'un simple « hum » qui ne voulait pas dire grand chose. Si seulement il savait les raisons qui avait poussées Swann à faire cette démarche... probablement aurait-elle des problèmes, même plus que probablement, car s'il se tramait bien des choses louches dans l'asylum comme la flic en était persuadée, personne ne tiendrait à ce que Swann y mette son nez. Dommage pour les instigateurs de cette étrange intrigue car Blake était aussi déterminée qu'elle aimait sa sœur et aussi prête à tout que futé, elle ne risquait pas de laisser tomber. L'enjeu était trop important.

Mais alors que Swann se laissait distraire par ses pensées, aidé par le calme qui régnait dans le parc mais aussi pas le bruit monotone et répétitif des gravillons sous ses pieds, déjà Holmes continuait sur sa lancée, à croire qu'il avait envie de la faire parler. Probablement une façon de la sonder avant des questions plus formelles. La jeune femme n'apprécia qu'à moitié qu'il utilise le tutoiement à son égard. D'ailleurs elle fronça imperceptiblement des sourcils. Certes, il était plus âge qu'elle mais ils n'en restaient pas moins des adultes et le « tu » lui semblait déplacé. Pourtant elle se retint de ne rien dire car soit l'infirmier avait laissé cette forme de familiarité sans s'en rendre compte et cela ne se reproduirait surement pas, soit il l'avait fait de façon délibéré et Swann lui ferait alors remarquer que si elle avait accepter de se faire prendre en charge, elle n'en restait pas moins une personne et n'avait pas soudainement régressée à un statut qui lui valait qu'on la traite avec la familiarité d'une enfant.
Suite à cette réflexion elle répondit à la question qu'on lui avait posée d'un ton parfaitement calme mais aussi avec le moins de mot possible :

-Non pas vraiment.

Pour faire court, ça l'était, mais elle ne voulait en aucun cas dire ce qui avait été échangé avec Derek. Cependant elle ajouta :

-Mais je connais déjà plus où moins les lieux, je suis déjà venue... pour ma sœur. Je connais surtout les règles à respecter lorsque l'on vient en visite.

A son tour, Swann se demanda ce que l'homme savait déjà d'elle. Il ne faisait que replacer l'infirmière en chef du Green, avait-il donc déjà son dossier entre les mains ? Elle ne préférait rien dire de plus ou de moins que ce qui avait déjà été constitué.
Maintenant, elle tentant de réfléchir au meilleur moyen de tirer des informations à cet homme. Car qui disait infirmier chef du Black, disait automatiquement qu'il savait où était sa sœur puisque entre ces mur « forcément », mais aussi dans quelles conditions elle y avait été transféré et quand. Le tout était de s'y prendre le plus finement possible, pour ne pas déjà attirer les soupçons sur elle. Elle ne devait pas se montrer trop impatiente mais ne pas non plus laisser s'échapper sa change d'en savoir plus.

Cap'tain Nemo Messages : 54 Date d'inscription : 04/08/2010

Peut-être que le tutoiement était un peu rapide, mais Holmes avait toujours eu l'habitude d'agir ainsi. Ca permettait une sorte "d'intimité" avec les patients, que le vous ne permettait pas. Il aimait leur montrer qu'ils pouvaient lui faire confiance et qu'en aucun cas, il les rabaissait. Puisqu'ils pouvaient, bien entendu, utiliser le tutoiement à son encontre aussi. Ca ne le dérangeait pas, même si cela ne plaisait pas à certains de ses collègues. Bon, au Black Block, c'était un peu différent, il tutoyait que certains patients, ceux qu'il connaissait depuis des années maintenant. Enfin, si la jeune femme lui faisait une remarque, il repasserait au vousoiement, ne souhaitant pas contrarier les gens.

Bref, il apprit ainsi qu'elle connaissait surtout les règles visiteurs. Bien, ça ne l'étonna guère, puisqu'elle était la jumelle de Joane et qu'elle devait sûrement venir lui rendre visite de temps en temps. Intrigué quand même qu'elle ne lui ait posé encore aucune question sur elle. Mais comme les psychiatres, certaines questions ne devaient pas être posées par le corps médical, mais bien par le patient. De plus, Andrew ne saurait pas réellement quoi répondre à la question : "Sauriez-vous où se trouve ma soeur?", parce que depuis qu'elle avait été transférée du Black, il n'avait plus entendu parler d'elle. Et ce n'était pas faute d'avoir essayer de trouver des informations. Mais certaines choses reste bien opaque dans ce service... le directeur lui avait dit de ne pas s'inquiéter, qu'elle était entre de bonnes mains... pourquoi ne devait-il pas le croire?

- Les règles internes ne sont pas bien compliquées. Le tout est basé sur un horaire défini. Il y a un couvre-feu à 21h, plus personne n'est donc autorisé à sortir de sa chambre après cette heure. Des infirmiers font des rondes de nuit pour s'assurer que tout va bien. Levé à 7h et journée rythmée par les différentes thérapies que vous aurez à suivre, ainsi que des activités en groupe ou pas. Les repas sont à midi et dix-neuf heures. Marquant une petite pause. Les activités sont diverses et variées, ça peut aller de la musique à la cuisine, en passant par la lecture et les travaux manuels.

Il mit les mains dans les poches, tout en observant un peu les patients qui profitaient de l'air libre.

- Le règlement du Green Block est quand même un peu plus strict que celui du Sweet Looney, puisque pour les premiers temps, le contact avec la famille est interdis et qu'il y aura pas mal d'entretien à passer, pour mettre en place le meilleur des traitements possible. Rien de très contraignant je te rassure.

L'infirmier en chef attrapa alors la porte du bâtiment pour l'ouvrir, laissant ainsi passer son interlocutrice, elle pouvait s'estimer heureuse d'être ici et pas au Black, qui ressemblait parfois beaucoup plus à une prison qu'à un asile où l'on aide les gens.

Messages : 241 Date d'inscription : 22/06/2010

Alors que l’infirmier chef lui expliquait comme il se devait les différentes règles qui lui seraient utiles, Swann ne pouvait s’empêcher de n’écouter que d’une oreille. Certes, elle enregistrait les informations et faisait bien attention à ne pas louper quoi que ce soit, mais d’un autre côté, elle était bien trop absorbée par les questions qui l’envahissait. Aucune n’avait un rapport quelconque avec l’organisation de l’asile ou des journées, ou même du traitement qu’elle aurait à suivre. Non, toutes ses pensées allaient vers cette sœur dont elle n’avait plus aucune nouvelle depuis si longtemps. Et pourtant, elle ne pouvait sauter au cou de l’infirmier pour lui soutirer les informations. Elle savait qu’elle ne résisterait pas longtemps à lui poser des questions, raison de plus pour qu’elle le fasse tout en douceur.

Swann hochait la tête à intervalles presque réguliers aux indications de Holmes, celui-ci n’avait d’ailleurs pas renoncé à la deuxième personne du singulier et cette familiarité ne pouvait que lui décrocher un frisson derrière l’échine. Mais après tout, elle se dit que peut-être elle devait veiller à ne pas lui faire de remarque si elle le voulait dans de bonnes dispositions pour qu’il réponde à ses questions. Voilà qu’il arrivait sur le seuil du bâtiment et l’infirmier chef lui ouvrit la porte, la laissant passer en premier. Elle reconnaissait l’odeur. La même qu’au Sweet Looney. Une odeur à la fois stérile et malsaine. Propre... trop propre peut-être même, comme pour aseptiser la folie. Swann ne tenait plus. Elle pouvait poser sa question maintenant, avant qu’il ne reprenne son discours :

-Et... je pourrais voir ma sœur ?

Certes, la question pouvait paraître naïve, et Swann n’avait aucun espoir de se côté-là. Mais justement, elle préférait amener les choses comme ça, naïvement. Alors Holmes serait moins apte à se douter de quoi que ce soit. De toute façon, malgré leur emploi du temps si bien conçu, elle trouverait du temps et un moyen de finir par pénétrer le Black Block. Evidement, y entrer par la porte officielle restait la dernière des solutions, la plus radicale. Elle aurait bien des opportunités pour y accéder d’une autre façon. Du moins, elle l’espérait.