Eric Simpson n'a pas l'esprit tranquille depuis déjà quelques temps et même ses collaborateurs, qui ne peuvent généralement pas distinguer son humeur derrière son masque d'impassibilité, s'en sont aperçus. Il parcourt les couloirs l'air soucieux, le visage plus fermé que d'habitude et plusieurs personnes l'ont surpris en train de marmonner, seul, ressemblant à s'y méprendre à un patient en plein délire. Si le directeur de l'Apathéïa Asylum se fait du soucis, c'est pour une bonne raison. Toujours désireux que la tranquillité de ses résidents soit assurée, ainsi que la discrétion sur les activités de son établissement, l'homme a su graisser la patte des différents politiciens, policiers et journalistes influents de la ville. Personne, que ce soit à la mairie de Northplane ou dans les hautes sphères des forces de l'ordre, n'aurait l'idée de mener une enquête sur les étranges évènements qui se déroulent à l'institut. Au contraire, les disparitions sont étouffées afin de préserver le secret le plus total... Cependant, malgré les ordres reçu d'oublier l'asile de la forêt, certaines personnes s'y intéressent de plus en plus. Les langues se délient, d'anciens employés parlent de ce qu'ils y ont vu et entendu, des familles d'internés font part de leur soucis face aux maux qui frappent leur proches. Le directeur a eu vent d'un policier en particulier qui apporte son aide sur le sujet à qui la demande. Malgré les remontrances de sa hiérarchie, il continue à enquêter, soutenu par d'autres citoyens inquiets de la situation à l'Asylum. L'inspecteur Montgomery n'est pas le bienvenu et ses questions dérangent, cependant, difficile de faire quoique ce soit contre lui en restant dans la légalité. Pour le moment, seules des mesures restrictives ont été prises au sein de l'établissement afin de renforcer la sécurité et le silence des gens qui y mettent les pieds. Impossible de rentrer sans montrer patte blanche et les enquêtes sur le personnel se multiplient. Ce sont là les seules ripostes que peut fournir la direction contre les indiscrétions répétées de ces citoyens curieux.
Montgomery quand à lui, a déjà rassemblé quelques éléments et se constitue une petite base d'un dossier qui n'en est qu'à ses prémices et auquel manque encore énormément de réponses. Il a pu apprendre que les techniques de soins utilisées sont autant avant-gardistes que moyenâgeuses et que la combinaison des deux ne semble pas faire bon ménage. Il a également entendu parler d'une zone du parc strictement interdite aux patients et à la plupart des membres du personnel. Il pourrait s'agir là d'une simple zone boisée et dangereuse, mais après vérification, rien de spécial ne semble distinguer cette parcelle du reste du parc. Les interrogations sont donc ouvertes et jusqu'à présent, aucun indice supplémentaire n'a réussi à filtrer à ce propos. En ce qui concerne le reste, les différents témoignage recueillis font état de disparitions soudaines soldées par une mort prématurée ou une réapparition du patient atteint d'un nouveau mal changeant selon les cas. A chaque fois, la version officielle a réussi à justifier de manière claire et précise ces décès ou ces changements de comportement brutaux. Seuls l'attention et le sens aiguisé de l'observation des personnes entourant ces malheureux résidents ont pu conduire à des doutes fondés. Lorsque d'autres personnes que les membres de familles en deuil, peut-être à la recherche d'un responsable à montrer du doigt pour une perte douloureuse, ont manifesté leur scepticisme face aux explications des hautes sphères, ces dernières ont commencé à s'inquiéter. Le poids de certaines révélations pourrait en effet porter un gros coup à un grand nombre de personnes, qu'ils soient employés de l'Apathéïa Asylum ou non...
Une seule chose est claire dans l'esprit d'Arthur Montgomery : les plus fous ne sont peut-être pas ceux que l'on croit....
